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FIN DE PARTIE

Je me lève, souhaitant à ma relève le meilleur pour la garde à venir puis je saisis mon sac et ma trousse . L'heure est déjà bien avancée, mais c'est important de ne rien oublier dans les transmissions , alors on traine ! A dire vrai on saisit intensément ce moment où on peut enfin décrocher . De toute façon , quoiqu'il advienne, " C'est plus nous " ( enfin, dans le meilleur des cas ..) ! Et puis, quand la relève est calme on profite aussi de ces instants trop courts pour refaire le monde avec les copines , parfois même on fait de la philosophie de bas étage.

C'est l'heure de passer au vestiaire ,nos horaires étant décalés, forcément les couloirs sont déserts car la foule des grands jours a déjà regagné ses pénates.

Alors dans mon corps s'installe illico et sans invitation préalable une espèce de tohu-bohu toujours au rendez-vous après tant d'années.

Je n'arrive plus à fermer le bouton de mon pantalon et j'ai soudain l'impression désagréable d'avoir participé à des agapes extraordinaires pendant plusieurs heures, ce qui n'est pourtant pas le cas .Impossible d'enfiler mes chaussures, j'ai les pieds comme un marathonien en fin de course . Bien sur , avec des crocs à fleurs , mes petits petons ont doublé de volume d'autant plus que je hais les bas de contention .A l'étage au dessus, c'est guère mieux : j'ai mal au crâne , ça bouillonne et si on observe bien , je crois que ça fume presque.

Indépendamment de ces mystérieuses intéractions, ce que j'adore en sortant sur le parking , c'est la première bouffée d'air frais et parfois humide qui vient fouetter mon visage . A ce moment précis, je sais qu'il me reste environ 7 minutes pour tout digérer .

Le temps de monter dans ma voiture, me voilà assaillie par des flashes :ceux des visages cotoyés pendant des heures, des dossiers ( l'ai je bien rempli ?) , des protocoles( l'ai je bien appliqué ?), des conduites à tenir, des naissances et surtout de cette foule de patientes vues en consultations d'urgences. Nos journées en garde s'écoulent au rythme des angoisses, des solitudes , des craintes et parfois même des drames . La sage femme au milieu de tout ça, c'est un peu comme une éponge : une face qui gratte, c'est le côté médical de notre profession, et puis il y a l'autre côté tout doux pour soulager les bobos, écouter les doléances et accessoirement sécher les larmes . Le privilège de la sage femme , c'est qu'à la difference de l'éponge, elle est capable d' utiliser les deux cotés à la fois .

Mais déjà se profilent mon quartier puis ma rue , le garage , vite le stationnement et le bruit de la portière qui claque. Je ravale mes émois, car déjà ma main saisit le loquet de la porte d'entrée.

Chouette, ils ont mis la table et en plus ça sent bon !

Allez, rideau !

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Ça fait du bien de lire mes pensées et ressentiments... C'est troublant... Comique...
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